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L'animation crée de plus en plus d'emplois en France

L'animation crée de plus en plus d'emplois en France

L'animation crée de plus en plus d'emplois en France

La filière devrait avoir créé entre 600 et 1.000 emplois au total dans l'Hexagone entre cette année et 2018.
Les mesures prises par le CNC et les changements dans les crédits d'impôt jouent à plein.

Souvenez-vous, dans les années soixante-dix ou quatre-vingt : dans les génériques des dessins animés défilaient quasi exclusivement des noms japonais, ou en tout cas asiatiques. Allumez la télé aujourd'hui : le made in France est devenu roi.

Mieux encore : l'animation crée de plus de plus d'emplois dans l'Hexagone, sous l'effet de différentes mesures prises par les institutions françaises. Au total, entre 600 et 1.000 nouveaux postes devraient voir le jour entre 2016 et 2018, selon le SPFA (Syndicat des producteurs de films d'animation). Une manne considérable, dans un secteur animation et effets visuels qui employait 5.300 salariés en 2014 (dont 80 % en CDD d'usage, courants dans ce secteur). Ces derniers mois, une petite dizaine de studios au moins ont annoncé avoir relocalisé ou augmenté leur production en France, comme Watch Next Media qui a engagé plus d'une cinquantaine de personnes, Go-N Productions, qui a monté un studio, Cyber Group Studios, qui a triplé ses effectifs rien que sur l'année, ou Xilam qui les a plus que doublés (lire ci-dessous). Mais aussi Miyu Productions, Superprod, Samka Productions, etc. « La plupart des producteurs qui travaillaient largement en Asie ces dernières années ont recruté massivement en France », résume Philippe Alessandri, président du SPFA et fondateur de Watch Next Media.

Le mouvement ne date pas d'hier, les « rapatriements » ayant commencé il y a quelques années avec les progrès technologiques. Mais la tendance s'est clairement accélérée. « Il y a dix ans, 30 % des dépenses étaient réalisées à l'étranger. En 2015, ce n'était plus que 20 % et, en 2016, ce devrait être encore moins », souligne Benoît Danard, responsable des statistiques du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC ).

Le déclencheur en 2016 ? D'abord un changement des règles d'attribution des aides du CNC, qui favorise le travail réalisé en France via un système de points attribués selon la localisation, donnant des bonus-malus. Parallèlement, le taux du crédit d'impôt est passé de 20 à 25 %. Et le crédit d'impôt international - pour les projets étrangers réalisés en France - a, lui aussi, été augmenté. Cela a aidé les sociétés de production dans leur mouvement de relocalisation en France, notamment pour faire face à la hausse des coûts salariaux. « Il y a un rapport d'un à trois environ entre l'animation en Asie et dans l'Hexagone sur les salaires, sans compter les charges. Mais la productivité est plus forte ici », calcule Philippe Alessandri. Au final, pour une série de 26 épisodes, le coût moyen est d'environ 6 millions d'euros en Asie et de 7 millions en France, selon les estimations du SPFA.

Le premier genre exporté

Les aides supplémentaires du CNC et des crédits d'impôt ne sont toutefois pas suffisants pour compenser totalement l'écart de coût entre une stratégie de délocalisation et le 100 % made in France : les producteurs doivent chercher encore plus activement des financements complémentaires via les régions - d'où l'installation de studios près de Lyon, Angoulême ou Annecy -, mais aussi via l'international. Or l'animation marche de mieux en mieux à l'étranger : elle est le premier genre audiovisuel exporté (68,6 millions d'euros de ventes et préventes en 2015). Au dernier MIP Junior, à Cannes mi-octobre, 16 séries françaises se sont classées dans le Top 30 des programmes les plus visionnés par les acheteurs du monde entier - un bon indicateur pour les futures ventes. Avec le mouvement de relocalisation, bon nombre de producteurs estiment qu'ils ont gagné en qualité, un point positif pour exporter. « La filière animation est excellente en France sur le plan de la formation. Et le fait de relocaliser est plus sécurisant, surtout pour de gros budgets : on parle la même langue, les réunions peuvent être plus fréquentes. On gagne donc en qualité et en fiabilité », souligne Pierre Sissmann, PDG de Cyber Group. « Avec ce mouvement, le savoir-faire français va être de plus en plus reconnu à l'étranger », ajoute Eric Garnet, PDG de Go-N Productions. Bref, un cercle vertueux s'est engagé.

Marina Alcaraz, Les Echos